Aliments pour animaux et signes de qualité Elaborer ensemble le cahier des charges
Depuis la crise de l'ESB, le nombre de cahiers des charges n'a cessé de croître. Les usines d'aliments pour animaux se sont adaptées aux contraintes de cette multiplication de références, et donc de lots. Mais elles voudraient être plus impliquées dans leur conception.
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Pour son premier anniversaire en mars dernier, l'association des fabricants d'aliments pour animaux du Sud-Ouest (Sof'ab) a choisi un lieu emblématique, la Maison du jambon de Bayonne d'Arsacq (Pyrénées-Atlantiques) car Pascal Pringault, son président, explique : « Notre métier étant un maillon essentiel des nombreuses filières de qualité de la région Sud-Ouest, l'un des objectifs de cette première AG est de se rapprocher d'elles pour mieux se connaître, échanger sur notre contribution aux signes officiels de qualité et d'origine, dire en quoi nous sommes une véritable caution ! » Le Sud-Ouest est une zone particulièrement riche en signes officiels de reconnaissance dans les filières des productions animales avec 30 labels rouge, 10 IGP, 7 AOC/AOP, 17 CCP, 1 cahier des charges Bio et 10 filières privées (type filières qualité Carrefour) soit 75 SIQO (Signes officiels d'identification de la qualité et de l'origine). Les produits de viande prédominent ainsi que les cahiers des charges interdisant certaines matières premières de part leur nature (comme les matières grasses animales pourtant règlementairement autorisées) ou les OGM.
Les contraintes portant sur l'alimentation animale sont les plus classiques et souvent les plus lourdes or, la contribution des industriels de l'alimentation animale est très hétérogène, certains organismes de défense et de gestion (ODG) leur laissant peu de place. « Peu d'ODG comptent un collège fabricant d'aliments en dehors des filières intégrées, nous sommes peu consultés sur les thématiques alimentaires », constate Pascal Pringault.
Aux fabricants de se faire une place
D'un ODG à l'autre, le fabricant peut adhérer mais se trouve surtout face aux dépenses que constituent les audits, frais de dossiers et analyses. « Il est nécessaire d'accentuer les échanges pour mieux collaborer », disent quasiment d'une seule voix tous les fabricants d'aliments. Certains exemples montrent que cela fonctionne, soit de manière collective comme avec l'Uraase dans l'Est, soit de manière spécifique, comme Sanders Euralis avec le porc basque Kintoa (lire ci-contre).
« Les fabricants d'aliments sont présents à plusieurs niveaux dans les démarches SIQO », explique Marie-Lise Molinier, de l'Inao. Des personnalités qualifiées sont nommées dans les comités nationaux en fonction de leurs compétences. Au niveau des filières, si le cahier des charges prévoit des conditions particulières d'alimentation des animaux, les opérateurs concernés doivent être habilités. Ils n'ont pas l'obligation d'adhérer à l'ODG puisqu'ils ne sont pas membres de droit contrairement aux opérateurs de production, d'élaboration, de transformation et de conditionnement des produits animaux, mais peuvent adhérer en tant que membre associé si les statuts de l'ODG le prévoient.
Oqualim, démarche nationale collective
L'agriculture biologique est particulière puisque les fabricants d'aliments bio doivent être certifiés et, de ce fait, sont bien intégrés au dispositif. Pilotée par la nutrition animale pour porter les actions qualité et sécurité sanitaire de la profession, l'association Oqualim est l'une des réponses pour l'harmonisation des règles de certification. Il s'agit d'améliorer la lisibilité du dispositif par les acteurs de l'aval, d'augmenter encore son appropriation par les entreprises de la nutrition animale et de faciliter les correspondances avec les autres systèmes de certification, notamment européens. Cela tout en maintenant les acquis de la certification, qui valide la capacité du fabricant à répondre aux exigences des cahiers des charges des clients, qu'ils soient officiels ou privés. En plus de la certification Oqualim, conçue comme un socle, donc pour toutes les filières, chaque entreprise adhérant au plan de contrôle mutualisé peut s'appuyer, pour sa propre activité, sur les analyses effectuées par les autres participants.
Une volonté régionale
« Nous espérons avoir initié un renforcement du lien qui nous unit au sein des filières, la meilleure des concrétisations étant que So'fab et ses adhérents soient reconnus et consultés sur les thématiques de cahiers des charges en alimentation, chaque fois qu'une ODG organise un comité technique sur le sujet. Nous sommes en capacité de proposer un interlocuteur So'fab par production et par territoire. A cet effet, nous serons amenés à envoyer un courrier aux ODG de notre région sur le prochain trimestre pour faire cette proposition. Ensuite, nous reprendrons contact pour voir les conditions de la faisabilité et ainsi avancer dans la direction souhaitée », résume Pascal Pringault.
Yanne Boloh
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